Comment assurer la sécurité alimentaire et augmenter substantiellement la production agricole sans défricher les forêts ? 

PIREDD in the Mongala province. Photocredit Enabel
Banner image caption
PIREDD in the Mongala province. Photocredit Enabel

 

Lors de son premier partenariat avec la RDC (2016-2021), CAFI a investi 26 millions de dollars via sept projets multisectoriel et intégrés en DRC (PIREDD), dans 9 provinces, en engageant les communautés au niveau local et les autoritées au niveu provincial.  

Au Brésil et en Indonésie, la perte de forêts est principalement causée par le défrichement des terres forestières pour faire place à des opérations agroindustrielles (soja, bœuf, huile de palme, etc.). 


En RDC, au contraire, la perte de forêts est due au besoin local en terre de dizaines de millions de paysans pour pratiquer l’agriculture sur brûlis et pour produire du charbon de bois, ceci exacerbé par une forte croissance démographique. Toute solution proposée pour endiguer la perte de forêts en RDC doit donc se baser sur la nécessité de pourvoir aux besoins des communautés locales. Concrètement, cela signifie trouver ensemble des réponses à la question : comment assurer la sécurité alimentaire et augmenter substantiellement la production agricole sans défricher les forêts ?  

Pour relever ces défis, CAFI finance des « programme intégrés pour réduire la déforestation et la dégradation des forêts » (acronyme PIREDD) qui mettent en œuvre une série de mesures à l’échelle d’une ou plusieurs provinces, basée sur :  

1. La structuration des acteurs de la gestion et de l’utilisation des terres et des forêts au sein de plateformes de gouvernance inclusives, au niveau provincial et local. Un élément central de ce processus est la structuration d'organes représentatifs légitimes gérant les zones communautaires tels que le Comité Local de Développement du village (conformément à la politique nationale d'aménagement du territoire).  

2. L’Aménagement du Territoire (AT) au niveau provincial et local. Les institutions locales structurées élaborent des plans villageois d’aménagement du territoire et mettent en œuvre des « plans de développement vert » qui, ensemble, définissent une vision d'avenir sur 10 ans. Cela a déjà été réalisé dans des centaines de villages à travers la RDC (hyperlien vers quelques exemples).

3. L’amélioration des pratiques agricoles et forestières: Les plans issus du processus AT sont mis en œuvre via des appuis ciblés du PIREDD à l’agriculture, à la foresterie et à la conservation permettant de limiter l’extension prévisible et nécessaire de l’agriculture tout en améliorant la sécurité alimentaire et les revenus des communautés, à condition qu’ils soient : (i) sécurisés au niveau foncier, (ii) encadrés par le zonage, (iii) conditionnés au respect de ce dernier, et (iv) financièrement viables.  

Quels enseignements ?

Les principaux enseignements tirés de la première phase du PIREDD peuvent être résumés comme suit : 

  • Il est possible d’avoir un grand impact sur de vastes territoires et un grand nombre de paysans avec relativement peu de moyens, si la structure de gestion et de mise en œuvre est adéquate. 

  • Les agriculteurs et autres intervenants communautaires se sont engagés avec intérêt dans l'aménagement du territoire. Les plans élaborés au niveau des villages ont fourni une reconnaissance officielle supplémentaire des accords passés, contribuant ainsi fortement à la sécurité foncière collective pour les communautés. Le processus AT peut réveiller des conflits latents mais dans une proportion relativement faible de cas.  

  • La sécurisation foncière des plantations, y compris dans les cultures pérennes et les forêts, peut être surmontée sans titres fonciers officiels, grâce à des accords impliquant parties prenantes et autorités (chefs de secteur et chefferie traditionnelle). La sécurisation foncière individuelle et collective nécessite toutefois d’être renforcée au travers des outils de la réforme foncière. 

  • Les Comités locaux de développement (CLD) se sont facilement imposés comme des organes représentatifs légitimes pour guider le développement des villages, reconnus par les autorités de niveau supérieur. C'est une réalisation majeure de CAFI. Les conflits entre CLD et autorités coutumières, s'ils existent, sont généralement maîtrisés car les autorités coutumières sont impliquées dans les CLD. Les plans élaborés par les CLD ont été facilement acceptés/validés par les autorités du territoire/chefferie. 

  • Les investissements dans les infrastructures locales jouent un rôle essentiel pour établir la confiance des agriculteurs et des autorités à tous les niveaux. 

  • Les approches basées sur la performance, y compris les paiements pour services environnementaux, ont été facilement acceptées par les communautés comme un outil important pour mettre en œuvre les plans de développement vert au niveau du village.  

Et maintenant ?

La 1ère phase d'investissement visait à expérimenter de multiples approches et outils, dans des contextes variés. Cette approche est en cours d'harmonisation pour la deuxième phase afin de jeter les bases d’une transition vers un programme national de paiement pour services environnementaux (PSE), au travers duquel les financements de CAFI seront conditionnés à la performance.