Afrique centrale, il y a urgence : prévenons un changement radical de la deuxième plus grande forêt tropicale du monde

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Les engagements pris par les pays d'Afrique centrale pour atteindre des objectifs ambitieux en matière de climat et de forêts sont renforcés par un soutien accru de l'Allemagne, la Corée du Sud, la France, la Norvège, le Royaume-Uni et l’UE avec CAFI. Les bailleurs appellent à faire encore plus.

New York, 23 septembre 2019 – Les forêts de l’Afrique centrale sont un puits de carbone vital pour le monde et une ressource essentielle pour les communautés et les gouvernements nationaux. Leur existence et leur protection sont essentielles à l’avenir de notre planète. Lors du Sommet Action Climat à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies, les bailleurs de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale (CAFI) s’unissent pour réaffirmer leur soutien et leurs contributions financières.

Les signes avant-coureurs, tels que le niveau et le rythme sans précédent de la perte de forêts observée au cours des trois dernières années dans certaines parties de la région, indiquent des risques extrêmes. La deuxième plus grande forêt tropicale du monde pourrait subir de profonds changements. Une action urgente et renforcée – de la part des gouvernements, des institutions financières de développement, des investisseurs et des entreprises – est nécessaire pour lutter contre les multiples menaces pesant sur ces forêts.

L’action engendre des coûts humains et financiers. Les bailleurs de CAFI, qu’ils soient historiques ou nouveaux, ont entendu les décisions des institutions nationales qui renoncent à des avantages potentiels immédiats en choisissant de ne pas convertir leurs forêts en utilisation du sol plus vite rentable. Les coûts financiers liés à la conservation des forêts – y compris l'élaboration et l'application de lois d’aménagement du territoire – sont également potentiellement élevés. Toutefois ces coûts sont minimisés par rapport aux avantages à long et moyen termes et face aux conséquences de la disparition irréversible des forêts.

« En plus de récompenser la réduction de la perte forestière, nous devons fournir aux pays d'Afrique centrale – en particulier ceux ayant un taux de déforestation historique faible – davantage d'incitations à la préservation des forêts existantes, ainsi qu'à la conservation et bonne gestion des forêts, » a déclaré Ola Elvestuen, Ministre du Climat et de l'environnement pour la Norvège.

« Les nouveaux accords CAFI sont ambitieux : 150 millions de dollars américains de paiements fondés sur les résultats pour la réduction d'émissions et l’absorption de carbone avec le Gabon – qui vise à maintenir 98% de son couvert forestier – et 65 millions de dollars avec la République du Congo – un pays qui s'engage à protéger ses stocks de carbone élevés et ses forêts riches en biodiversité et à s'abstenir de drainer ses précieuses tourbières, » a-t-il ajouté.

« Ces forêts sont importantes pour les économies des pays de la région. Leur protection est vitale pour les pays qui les hébergent, leurs voisins de la sous-région et au-delà, et pour le monde entier, » a souligné Chongho Park, Directeur adjoint du Service des forêts de la Corée du Sud.

Les pays de l’Afrique centrale ont fixé des objectifs ambitieux et légitimes pour atteindre le statut d'économie émergente dans les prochaines années et chercher à diversifier leurs économies. Ils sont confrontés à des choix extrêmement complexes et doivent concilier le développement économique national avec des préoccupations environnementales mondiales et nationales, tels que le changement climatique et la perte de biodiversité. Les efforts visant à renforcer les contributions déterminées au niveau national (CDN) et à susciter des ambitions à cet égard sont essentiels.

 « Nous nous félicitons des engagements concrets que les pays de l’Afrique centrale ont pris et continuent de prendre pour atteindre ces objectifs ambitieux, ainsi que de la mobilisation politique des dirigeants de la région pour contribuer au Sommet Action Climat, » a déclaré Dr Maria Flachsbarth, Secrétaire d'État auprès du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement.

Parmi les exemples concrets d'engagements et d'actions pris jusqu’ici au niveau national,  on trouve: 

  • La stabilisation de la couverture forestière
  • La non-conversion des forêts à haut stock de carbone et haute valeur de conservation, comme décrit dans les lettres d'intention avec CAFI
  • La certification des concessions forestières
  • La restriction des plantations agro-industrielles de plus de 5 hectares aux zones de savane
  • La protection des tourbières contre le drainage et l’assèchement

Les engagements des bailleurs de CAFI rejoignent le Manifeste de la Coalition pour des Solutions basées sur la nature, en particulier sur l’intégration croissante de ces solutions dans les politiques et les instruments climatiques, ainsi que sur le renforcement de la coopération régionale.

« CAFI est prêt à soutenir les pays forestiers ambitieux et engagés qui produisent des résultats pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris et les examinera à la COP 25 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) au Chili, » a conclu Cyrille Pierre, Directeur général adjoint du Développement durable au Ministère de l'Europe et des affaires étrangères de la France.

Dans le prolongement de l'appel lancé par le Manifeste en faveur de changements en matière de finances et de gouvernance et face à une ambition accrue de toutes les parties, les bailleurs se sont mobilisés avec de nouvelles promesses acheminées avec ou via CAFI : la Lettre d'intention avec la République du Congo (65 millions de dollars de la France, l'UE, la Norvège,  l'Allemagne et du Royaume-Uni) ; l'accord basé sur les résultats avec le Gabon (150 millions de dollars de la Norvège) ; et un engagement de l'Allemagne et de la Corée du Sud à contribuer respectivement 33 millions et 2 millions de dollars. 

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