Concilier l’ambition d’être le “grenier de l’Afrique” et la réduction de la déforestation
Les forêts camerounaises couvrent environ 30 millions d’hectares. La surface de déforestation a doublé entre 2016 et 2023 pour atteindre près de 820 000 hectares, tandis que la dégradation des forêts a quadruplé (voir Workbook : CAFI DDD SBAE estimates 2015 2023).
Le secteur rural est l’un des piliers de l’économie camerounaise, contribuant à environ 21 % du PIB (2012 à 2018). Le secteur rural représente 55 % des recettes d’exportation du pays, devant les exportations d’hydrocarbures (30 %). Toutefois, les importations importantes de produits agroalimentaires ont un impact négatif sur la balance commerciale, ce qui a suscité une ambition nationale d’augmenter la production agricole nationale. Cette situation est aggravée par le fait que la population du Cameroun devrait doubler d’ici 2046, avec une augmentation prévue de 20 millions de personnes dans les zones urbaines et de 17 millions dans les zones rurales, ce qui entraînera une demande croissante en matière de production alimentaire.
L’ambition du Cameroun d’augmenter sa production agricole nationale s’inscrit dans le cadre de la vision nationale visant à devenir une économie émergente et industrialisée d’ici 2035. La stratégie du gouvernement vise à satisfaire le marché national et régional croissant du palmier à huile et de ses dérivés industrialisés, ce qui favorise l’expansion des grandes, moyennes et petites plantations de palmiers. L’objectif du gouvernement de doubler la production de cacao pourrait entraîner une dégradation des forêts si la productivité n’est pas augmentée dans les exploitations existantes et si l’expansion ne se concentre pas sur des forêts ou des savanes déjà dégradées. Contrairement à d’autres pays de la région, le Cameroun connaît une pression foncière très importante qui n’est pas seulement due à des facteurs démographiques mais aussi au développement des activités économiques.
La contribution prévue déterminée au niveau national du Cameroun prévoit une réduction de 32 % des émissions d’ici 2035 par rapport à 2010. L’ambition du pays en termes d’émergence économique et de production alimentaire peut-elle être conciliée avec ses engagements internationaux en matière de climat et de biodiversité ?
Le Cameroun en bref
millions d'hectares de forêts
hectares de forêts perdus entre 2016 et 2023
%