CAFI a été fondée en 2015 lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Dix ans plus tard, alors que la communauté internationale se réunit à nouveau à New York pour la 80e Assemblée générale, CAFI célèbre avec fierté une décennie d’avancées
Ces étapes ont été franchies dans le contexte d’une décennie exceptionnellement difficile, marquée par une pandémie mondiale, des conflits persistants, l’aggravation des effets du changement climatique et des pressions croissantes sur les ressources naturelles. Malgré ces obstacles, CAFI est resté fidèle à sa mission de sauvegarde des forêts d’Afrique centrale et d’amélioration des conditions de vie des populations qui en dépendent.
Au cours des dix dernières années, CAFI a contribué à façonner une vague sans précédent d’actions et de réformes collectives, produisant des résultats concrets sur le terrain.
Avant-propos du ministre de l'environnement, du développement durable et de la nouvelle économie climatique de la RDC

Professeur Marie Nyange Ndambo Ministre de l’environnement, du développement durable et de la nouvelle économie du climat, République démocratique du Congo
L’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale est à la fois le principal instrument financier et la principale plateforme de dialogue politique visant à préserver les forêts du Bassin du Congo. Il y a dix ans, la République démocratique du Congo (RDC) a été le premier pays à s’y engager aux côtés de ses partenaires financiers, affirmant une conviction forte : les forêts d’Afrique centrale sont non seulement un atout régional, mais aussi un levier vital et global dans la lutte contre le changement climatique et l’adaptation à ses effets.
Au cours des dix dernières années, CAFI est devenue le catalyseur de réformes sans précédent, plaçant les forêts au cœur des politiques publiques. Cette étape ouvre la voie à une ambition encore plus grande : mobiliser des financements durables, prévisibles et équitables pour garantir collectivement la mise en œuvre de nos engagements.
La RDC, avec les pays d’Afrique centrale avec lesquels elle partage ce bien inestimable, est heureuse de poursuivre ce partenariat dans une nouvelle phase, marquée par le déploiement des Paiements pour Services Environnementaux, qui généreront des impacts visibles et durables pour les populations et les écosystèmes forestiers d’Afrique centrale.
Je suis honoré de participer à la présentation des résultats obtenus au cours de cette décennie et j’appelle tous les partenaires à rejoindre l’initiative pour les forêts d’Afrique centrale.
Avant-propos de l'Administrateur du PNUD

Haoliang Xu, Administrateur par intérim et Secrétaire-Général adjoint des Nations unies, Programme des Nations unies pour le développement
Le Programme des Nations Unies pour le développement est fier d’avoir joué un rôle fondamental dans la création de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale. En tant que membre du Conseil d’administration du Fonds et, avec nos organisations sœurs des Nations Unies (FAO, FIDA, FENU, PNUE, UNESCO et UNOPS), nous restons un partenaire engagé dans le soutien à ses six pays membres pour mettre en œuvre des réformes transformatrices à long terme.
Les réalisations de CAFI témoignent du leadership et du dévouement des pays et des communautés dont les efforts continuent d’entraîner des progrès sur le terrain. Depuis son lancement en 2015, la CAFI a mobilisé plus d’un milliard de dollars, finançant 74 projets et transférant 631 millions de dollars à des initiatives nationales et régionales. Ces investissements soutiennent la protection des forêts d’Afrique centrale, qui constituent le plus grand puits de carbone tropical au monde, absorbant 1,2 milliard de tonnes de CO₂ par an, soit l’équivalent de 4 % des émissions mondiales. Pourtant, entre 2016 et 2023, la région a perdu 9,6 millions d’hectares de forêts et a vu 6,9 millions d’hectares se dégrader, ce qui souligne l’urgence de notre action collective.
Les résultats mis en évidence dans ce rapport démontrent que, même face à des défis complexes, des progrès significatifs sont possibles. Les approches innovantes de CAFI, menées par les pays, accélèrent notre engagement commun à protéger ces forêts pour les générations futures, en sauvegardant la biodiversité, en responsabilisant les communautés et en faisant progresser la résilience climatique et le développement durable.
Pour l’avenir, les Nations unies restent fidèles à leur soutien à CAFI et à ses partenaires, travaillant ensemble pour s’assurer que les forêts d’Afrique centrale continuent à servir de bien public mondial et de base pour une croissance inclusive et durable.
13 million people with improved livelihoods and 164 million tons of CO2 emission reductions
Depuis 2015, CAFI a montré que la protection des forêts peut aller de pair avec l’amélioration des conditions de vie. Ses programmes ont touché environ 13 millions de personnes en Afrique centrale - ménages urbains, petits exploitants agricoles, femmes et filles.
Plus remarquable encore, ces moyens de subsistance ont été améliorés tout en finançant 164 millions de tonnes de réduction des émissions de CO₂, soit l’équivalent de la consommation d’énergie de 20 millions de ménages en Europe occidentale - preuve que le développement humain et la réduction de la pauvreté peuvent être découplés des émissions de CO2.
En République démocratique du Congo, plus de 163 000 familles vivant dans les grandes villes cuisinent désormais avec des fourneaux améliorés ou du GPL, ce qui leur permet d’économiser de l’argent chaque mois et de respirer un air plus pur à la maison. Dans les zones rurales, des familles qui pratiquaient autrefois l’agriculture sans bénéficier d’une sécurité foncière détiennent désormais des titres de propriété sur des forêts communautaires. Pour la première fois, plus d’un million de personnes ont le droit de décider de l’utilisation de leurs terres et d’en tirer profit de manière durable, que ce soit en vendant des produits non ligneux, en gérant le bois de manière responsable ou en développant l’écotourisme.
Les agriculteurs sont au cœur du changement. Les programmes soutenus par CAFI ont introduit l’agriculture sans déforestation sur des dizaines de milliers d’hectares, aidant les familles à produire des aliments plus nutritifs et des cultures de rapport sans défricher de nouvelles forêts. Au Cameroun, un nouveau programme guide 350 000 producteurs de cacao et de café vers des marchés qui récompensent la production sans déforestation, ouvrant ainsi des perspectives d’avenir aux familles rurales.
Les femmes et les jeunes filles sont également des bénéficiaires clés. Plus de 3 millions de personnes ont eu accès à des services de santé génésique et de planification familiale, et près d’un demi-million de femmes ont opté pour des méthodes contraceptives à longue durée d’action. Ces services permettent aux familles de mieux maîtriser leur avenir.
Ensemble, ces exemples illustrent la manière dont l’approche holistique de CAFI a amélioré des millions de vies tout en apportant des avantages climatiques mesurables.
Enseignements tirés
L’expérience de CAFI prouve que lorsque les gens prospèrent, les forêts prospèrent également. En aidant les familles à économiser de l’argent sur le combustible de cuisson, en aidant les agriculteurs à cultiver davantage sans couper d’arbres, en garantissant les droits fonciers des communautés et en permettant aux femmes de planifier leur avenir, CAFI a créé des conditions dans lesquelles la protection des forêts est également la voie de la prospérité. La leçon à en tirer est que l’action climatique ne peut réussir sans tenir compte des besoins des populations. L’approche holistique de CAFI - qui relie les services, les droits et les opportunités - montre que le développement humain et la conservation des forêts se renforcent mutuellement.
1 milliard de dollars et 10 donateurs mobilisés pour les forêts et les populations d'Afrique centrale
CAFI a été créé en 2015 pour combler le déficit de financement des forêts d’Afrique centrale en tant qu’instrument dédié visant à mobiliser 500 millions d’USD.
Aujourd’hui, CAFI a doublé ce chiffre.
De 1 contributeur et 9 millions USD en 2015 à 972 millions engagés par 10 donateurs, le parcours de CAFI dans la mobilisation réussie de donateurs et d’engagements de financement a souligné l’importance de la transparence, de l’agilité stratégique, de l’alignement des donateurs et de la gestion adaptative.
La promotion d’une culture du consensus et de l’échange entre pairs au sein du conseil d’administration, associée à une prise de décision agile et à un leadership fort dans la gestion d’environnements instables, a aidé les donateurs de CAFI à conserver leur confiance au fil du temps.
Outre les rapports annuels exigés par la loi, la fourniture de notes d’information mensuelles au conseil d’administration et la mise à disposition d’outils en ligne - tels que le portail MPTF pour les informations financières et le CAFI Metrics Hub pour les résultats - permettent aux contributeurs de rester informés et de s’engager.
Enfin, la promotion d’un dialogue politique de haut niveau - entre les ambassadeurs et les ministres de la sous-région - s’est avérée essentielle pour créer une vision commune et maintenir la confiance mutuelle.
Leçon apprise
La mise en œuvre de l’approche pangouvernementale de CAFI, c’est-à-dire l’engagement de tous les secteurs dans un dialogue constructif sur l’utilisation optimale des ressources, nécessite un financement proportionné et des engagements financiers à long terme. Dans une boucle vertueuse, CAFI et ses pays partenaires ont été en mesure d’inscrire des engagements politiques dans des lettres d’intention grâce au niveau des ressources mobilisées.
Conclusion d'accords ambitieux avec 4 pays représentant 200 millions d'hectares de forêts
Le modèle de CAFI repose sur des partenariats à long terme et à forte ambition avec les pays forestiers. Au cours de la dernière décennie, quatre pays - la République démocratique du Congo, le Gabon, la République du Congo et le Cameroun - ont conclu des lettres d’intention formelles, couvrant un total de 200 millions d’hectares de forêts et d’une valeur de plus de 900 millions de dollars.
La lettre d’intention 2021-2031 de la RDC ancre les réformes dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, de la tenure et de la transparence, et est désormais directement liée au programme de facilité de crédit prolongée du Fonds monétaire international, faisant de la gouvernance forestière une question de stabilité macroéconomique. La lettre d’intention de 2019 avec la République du Congo a placé la protection des forêts sous la responsabilité du cabinet du Premier ministre. La lettre d’intention du Gabon a étayé le premier accord de paiement basé sur les résultats à grande échelle du continent, qui a perduré malgré la transition politique, démontrant ainsi sa résilience dans des contextes changeants.
Au Cameroun, la Lettre d’intention historique signée en octobre 2024 a défini une vision de l’agriculture sans déforestation d’ici 2035, s’engageant à lever 1,5 milliard de dollars et soutenue par 61 millions de dollars de soutien initial de CAFI pour 2023-2027. Son premier portefeuille de projets vise à faire passer 350 000 producteurs de cacao et de café à une production sans déforestation, en mettant en œuvre des PSE au niveau du paysage tout en garantissant des structures de gouvernance foncière solides.
Ces Lettres d’intention sont plus que des accords de financement : ce sont des pactes politiques qui lient des millions d’investissements potentiels à des réformes concrètes, à des étapes et à des résultats mesurables. Elles montrent que des nations forestières entières peuvent orienter leurs stratégies de développement vers la durabilité lorsqu’elles sont soutenues par une confiance à long terme, un financement et un suivi rigoureux.
Enseignements tirés
De la lettre d’intention inaugurale avec la RDC en 2016 à la lettre d’intention pour le Cameroun en 2024, les lettres d’intention ont varié en fonction des leçons apprises et de la diversité des pays partenaires. Ce qui est resté constant, c’est le fait que les accords de grande ambition réussissent lorsqu’ils sont pris en charge par le pays, basés sur des jalons et ancrés dans une politique et un leadership de haut niveau. L’intégration des étapes forestières dans les programmes du FMI et de la Banque mondiale leur a donné un poids fiscal et macroéconomique. Les examens conjoints annuels ont permis de responsabiliser les parties et de corriger le tir. Plus remarquable encore, les LdI ont résisté aux cycles politiques, garantissant que les réformes et les investissements restent sur la bonne voie même en cas de transition gouvernementale.
Pionnier du financement axé sur les résultats
Le partenariat du Gabon avec CAFI a permis de conclure le premier accord de paiement basé sur les résultats (RBP) à grande échelle en Afrique. Signé en 2019, l’accord, en tant qu’avenant à la lettre d’intention de 2017, promettait 150 millions de dollars pour des réductions d’émissions de CO₂ démontrées, transformant la protection des forêts en une récompense basée sur la performance. Le Gabon a rapidement démontré des résultats : la première tranche de 17 millions de dollars a été versée en 2020, finançant à son tour cinq projets visant à canaliser les recettes vers l’expansion et la gestion des zones protégées, la foresterie communautaire, la gouvernance, la surveillance, l’éducation environnementale des jeunes et des villes plus vertes.
Cet accord, le premier du genre en Afrique, montre que les réductions d’émissions au niveau national peuvent être mesurées de manière crédible, vérifiées de manière indépendante et récompensées par un financement basé sur la performance. Il a également créé une boucle financière : les résultats vérifiés se sont traduits par des investissements dans les institutions et les programmes qui soutiennent la conservation. Ce faisant, le mécanisme a permis aux forêts non seulement de rester debout, mais aussi de contribuer à la résilience économique et sociale. L’accord a fait ses preuves. Malgré la transition politique du Gabon en 2023, l’accord RBP a tenu bon, reflétant la robustesse du modèle et l’engagement commun de toutes les parties.
Aujourd’hui, la PAR gabonaise sert de point de référence important pour la région. Elle a influencé l’évolution plus large de la CAFI vers des approches basées sur la performance et soutenues par des vérifications par des tiers. Elle a démontré que le financement axé sur les résultats n’est pas théorique en Afrique - il peut fonctionner efficacement pour soutenir à la fois les systèmes nationaux et les solutions locales.
Enseignements tirés
Pour que les paiements basés sur les résultats réussissent, trois conditions sont essentielles : des systèmes nationaux crédibles de suivi et d’établissement de rapports, des voies de paiement claires et une résilience institutionnelle. L’expérience du Gabon a montré l’intérêt de commencer par des tranches plus petites pour tester le système, puis de réinvestir les recettes dans des institutions et des programmes qui génèrent des réductions durables. Par conséquent, les PAR ne devraient pas être considérées comme un point final mais comme une fondation - qui peut catalyser les réformes, nourrir les approches de paiements pour services environnementaux et attirer des financements privés, créant ainsi un écosystème basé sur la performance qui récompense la protection des forêts à de multiples niveaux.
Catalyser 6 réformes transformatrices
Un potentiel pour façonner, pour les décennies à venir, la manière dont les terres et les ressources naturelles sont utilisées tout en protégeant les forêts.
Dès le départ, CAFI a reconnu que la protection durable des forêts nécessitait un changement systémique.
En République démocratique du Congo, six réformes clés ont progressé d’une manière qui façonnera la façon dont les terres et les ressources sont gérées pendant des décennies. Une loi sur la planification de l’utilisation des terres, résultant d’un projet lancé au début de CAFI en 2016, a été promulguée par le président de la RDC en juillet 2025, et fournit le cadre juridique pour allouer des terres pour l’agriculture, la foresterie, l’exploitation minière, la conservation et l’établissement d’une manière transparente et coordonnée. L’élaboration de textes réglementaires a été soutenue afin de mettre rapidement la loi en application. La politique agricole nationale, adoptée en février 2023, oriente l’expansion des cultures vers les savanes et les terres dégradées, tout en intégrant des mesures de sauvegarde pour les forêts intactes et les tourbières. La politique foncière, approuvée en avril 2022, a jeté les bases d’une nouvelle loi et d’un système d’information numérique, tout en pilotant des commissions provinciales qui tiennent compte des droits coutumiers et statutaires, protègent les peuples autochtones et font progresser l’égalité des sexes.
Dans le secteur de l’énergie, la politique nationale en matière d’énergie durable a été validée en décembre 2022 et complétée peu après par une évaluation environnementale et sociale stratégique, étape suivante vers l’adoption. Cette politique ouvre la voie à une transition à grande échelle vers le pétrole liquide et des combustibles de cuisson plus propres. En ce qui concerne le secteur forestier, un Conseil consultatif national sur les forêts a été créé en 2023, offrant un espace institutionnel pour la participation, la responsabilité et l’orientation des réformes forestières.
Le soutien aux réformes ne se limite pas à la RDC. Au Gabon, CAFI a soutenu des réformes sur le régime foncier agricole, avec un premier projet d’optimisation de l’utilisation des terres, et une gouvernance sensible aux conflits. En République du Congo, une réforme à grande échelle et des investissements dans la planification de l’utilisation des terres sont en cours.
Enseignements tirés
Le soutien apporté par CAFI aux processus de réforme a montré que des progrès sont réalisés lorsque la préparation technique s’accompagne d’une volonté politique. Faciliter le dialogue entre les ministères, établir des bases analytiques et financer les premières capacités institutionnelles sont autant d’éléments essentiels pour faire passer les politiques du stade de projet à celui d’adoption. La leçon à tirer est que le changement systémique nécessite à la fois des cadres descendants et des projets pilotes ascendants. En soutenant cette double approche, CAFI a contribué à transformer les engagements nationaux en structures durables qui protègent les forêts et permettent une utilisation durable des terres et des ressources naturelles.
Obtenir des résultats durables qui transforment les communautés rurales
Dans toute l’Afrique centrale, CAFI a permis aux communautés rurales d’améliorer leurs moyens de subsistance tout en protégeant les forêts dont elles dépendent. Les effets les plus visibles se font sentir là où les gens vivent et cultivent. En 10 ans, des plans locaux d’utilisation des terres élaborés par les communautés en RDC, couvrant près de 10 millions d’hectares, ont été validés, donnant à des milliers de villages leur mot à dire sur la façon dont les terres sont cultivées, restaurées ou conservées. Grâce à des comités de développement locaux, désormais établis dans six pour cent des villages de la RDC, les communautés ont la possibilité de s’exprimer sur l’utilisation des terres. Dans les villages de la RDC où les femmes occupent souvent plus d’un tiers des sièges, la protection des forêts et la gestion durable des ressources naturelles s’appuient sur un processus décisionnel inclusif et mené par la communauté.
Les agriculteurs font état d’avantages tangibles. Plus de 72 000 hectares d’agriculture durable ont été mis en place, démontrant concrètement comment des rendements plus élevés, des cultures diversifiées et des revenus accrus peuvent être obtenus sans défricher de nouvelles terres. Le financement du CAFI a permis d’étendre les concessions forestières communautaires à 600 000 hectares supplémentaires, ce qui représente 15 % des concessions forestières communautaires locales accordées en RDC et confère des droits sûrs et de nouvelles opportunités à plus d’un million de personnes. Ces titres transforment les communautés d’utilisateurs de la forêt en intendants dotés d’une autorité légale et de sources de revenus potentielles.
Les transitions énergétiques ont également changé la vie quotidienne. Plus de 160 000 ménages dans les grandes villes cuisinent désormais avec des fourneaux améliorés ou du gaz de pétrole liquéfié, réduisant ainsi leurs coûts de combustible de 15 % et l’utilisation du charbon de bois de 8 %. Du côté de l’offre, plus de 60 000 hectares de plantations et de régénération naturelle fournissent une énergie ligneuse durable, créant des emplois tout en réduisant la pression sur les forêts naturelles.
Au Gabon, l’installation rapide de clôtures électriques en quelques mois seulement protège déjà 4 200 agriculteurs des attaques d’éléphants, protégeant ainsi leurs cultures et leurs moyens de subsistance.
L’ensemble de ces réalisations démontre l’impact de CAFI sur des récoltes plus abondantes, des droits plus forts, des coûts domestiques moins élevés et un avenir plus sûr et plus durable pour des millions de populations rurales et urbaines.
Enseignements tirés
L’expérience de CAFI démontre que les communautés rurales protègent les forêts lorsque leurs besoins et aspirations fondamentaux sont pris en compte. Des droits garantis, des rendements plus élevés, une énergie propre et une protection contre les risques tels que la perte de récoltes rendent les choix durables pratiques et rentables. Des améliorations rapides et visibles, telles que des économies d’énergie ou des champs plus sûrs, renforcent la confiance, tandis que des changements plus profonds dans l’agriculture et la gouvernance foncière garantissent un changement à long terme. La leçon à tirer est que ce n’est qu’en combinant ces éléments que les ménages peuvent considérer le développement respectueux des forêts comme la voie la plus rationnelle et la plus gratifiante. L’approche intégrée de CAFI a prouvé que l’amélioration des moyens de subsistance et la conservation des forêts vont de pair.
Poser les bases des paiements pour services environnementaux
CAFI a pris des mesures décisives pour faire passer les paiements pour services environnementaux (PSE) du concept à la pratique en Afrique centrale.
En 2024, un cadre régional de PSE a été finalisé, définissant six activités éligibles - dont l’agroforesterie, la foresterie communautaire, la régénération naturelle, la conservation - ainsi que des modèles de contrats, de suivi et de vérification. Pour soutenir la mise en œuvre, CAFI a lancé deux plateformes numériques : Ground Impact, qui permet la planification et la modélisation ex ante, et l’outil de gestion des PSE, un bien public numérique qui assure une gestion efficace, depuis l’enregistrement et la conclusion de contrats avec les bénéficiaires, ou les fournisseurs de services environnementaux, jusqu’à l’exécution de paiements mobiles sur la base de résultats validés.
Le cadre et les outils actuels de PSE de CAFI, ou PSE 2.0, sont le résultat d’une décennie d’expérimentation dans la région. Des activités pilotes, intégrées dans des projets de développement rural depuis 2016 dans 9 provinces de la RDC, ont testé différentes approches pour compenser les agriculteurs et les communautés pour des pratiques respectueuses des forêts. Ces premières expériences ont démontré un fort intérêt local mais ont également exposé des défis : transferts d’argent sans contrats formels, procédures complexes et longues, géolocalisation et vérification limitées, et coûts élevés en raison de la multiplicité des intermédiaires. Loin d’être des échecs, ces leçons ont permis de concevoir la deuxième génération de PSE, plus robuste et évolutive.
Des projets pilotes, conformes à cette approche et à ces outils 2.0, sont actuellement en cours et certains devraient donner lieu à des paiements d’ici la conférence des parties à la CCNUCC qui se tiendra à Belém. Dans le district des Plateaux et le Kongo Central de la RDC, les communautés devraient recevoir des paiements annuels pour des résultats validés en agroforesterie (combinant la production durable de bois de chauffage avec l’agriculture de subsistance) et en cultures pérennes (plantations de palmiers à huile dans les savanes) d’une valeur de 600 000 dollars, couvrant 95 000 hectares et bénéficiant à environ 20 000 personnes. En République du Congo, des plantations agroforestières sont en cours sur des terres officiellement attribuées par le gouvernement.
En 2025, CAFI et les gouvernements ont lancé des programmes de PSE autour de la chaîne d’approvisionnement de Kinshasa en RDC et de la région de Bangui en République centrafricaine. En testant une combinaison de PSE de “production” et de “conservation”, en contextualisant les outils dans différents pays et paysages, ces programmes produiront des preuves pour informer l’expansion des portefeuilles de gestion des terres.
Une dynamique se met également en place au niveau politique. Une conférence interministérielle sur les PSE en janvier 2025, organisée en RDC avec le soutien de CAFI, a rassemblé les gouvernements pour convenir de feuilles de route pour l’extension du PSE. Parallèlement, un partenariat Sud-Sud avec le Costa Rica - un pionnier mondial du PSE - offre un partage de connaissances précieux pour adapter les approches réussies au contexte de l’Afrique centrale. Bien qu’il en soit encore à ses débuts, le PSE représente un changement profond : il s’agit de passer du financement d’activités au financement de résultats vérifiés, en reliant les communautés et les ménages à l’architecture du financement climatique.
Enseignements tirés
Les premiers projets pilotes de PSE ont confirmé que les communautés sont désireuses d’être récompensées pour leurs pratiques durables, tout en soulignant les obstacles pratiques qui peuvent miner la confiance. CAFI s’est appuyée sur ces enseignements pour normaliser les activités éligibles, développer des plateformes numériques et simplifier les contrats, afin de rendre les paiements plus clairs, plus rapides et plus transparents. Les PSE ont toujours été viables, mais ils avaient besoin d’être affinés pour devenir efficaces et évolutifs. En apprenant de manière itérative - depuis les premiers projets pilotes de PIREDD au cours de la dernière décennie jusqu’aux projets actuels de “PSE 2.0”, CAFI et ses partenaires sont particulièrement bien placés pour récompenser les ménages et les communautés qui protègent les forêts d’une manière équitable, rentable et digne de confiance.
Débloquer de nouveaux partenariats avec le secteur privé
Les finances publiques ne peuvent à elles seules modifier les pressions économiques à l’origine de la déforestation. Le secteur privé joue un rôle décisif dans l’agriculture, la sylviculture et l’énergie, et il est donc essentiel de l’impliquer pour transformer les chaînes de valeur et généraliser les pratiques durables. En 2024, CAFI a fait avancer ce programme en développant des partenariats et des outils concrets qui canalisent les capitaux privés vers des investissements positifs pour les forêts, dans le cadre de garanties environnementales et sociales strictes.
Une étape clé a été le lancement de la Facilité d’investissement du secteur privé de la CAFI, une enveloppe de 100 millions d’USD conçue pour réduire les risques des investissements et mobiliser un cofinancement important pour une croissance sans déforestation. Dans le cadre de son lancement, CAFI a financé une série d’études de faisabilité avec des entreprises telles que INTERHOLCO, ARISE, Mushiete & Co, GoCongo et Criterion Africa Partners. Ces études génèrent les analyses de rentabilité, les analyses de risque et les structures financières nécessaires pour convertir des idées prometteuses en opérations bancables, jetant ainsi les bases d’une solide réserve d’investissements durables.
Fait remarquable, CAFI a signé un partenariat de 51 millions d’USD avec le &Green Fund. Ce fonds investit dans des produits de base présentant des risques élevés de déforestation - bétail, huile de palme, caoutchouc, cacao, soja et plantations forestières - en respectant des normes rigoureuses de “non-déforestation, non-tourbière, non-exploitation” et des critères d’éligibilité juridictionnelle. Ce partenariat unique devrait permettre de mobiliser 96 millions de dollars de capitaux privés, soit un impact total sur l’investissement de près de 147 millions de dollars.
Pour préparer la prochaine vague de projets investissables, CAFI a approuvé deux subventions préparatoires en 2024 : l’une à IDH pour “ReVive Central Africa” sur les chaînes d’approvisionnement en cacao et café sans déforestation et l’autre au Fonds commun pour les produits de base (CFC) , visant à fournir des solutions de financement pour les petites et moyennes entreprises dans l’agriculture et la sylviculture.
Ensemble, ces actions démontrent l’approche innovante de CAFI : établir des garanties claires, tester les marchés et créer la confiance afin que le capital privé devienne un partenaire - plutôt qu’une menace - pour les forêts et les communautés d’Afrique centrale.
Enseignements tirés
L’investissement privé exige plus que du capital, il exige de la confiance. CAFI a appris que la crédibilité passe par des règles d’éligibilité juridictionnelles, un suivi transparent et des garanties exécutoires. L’assistance technique et les subventions préparatoires sont indispensables pour passer d’idées prometteuses à des opérations bancables. Des partenariats tels que &Green montrent que le financement public peut avoir un effet de levier important sur les capitaux privés lorsque les risques sont réduits et que les normes sont claires. La leçon à tirer : le rôle de CAFI est catalytique et non permanent. En structurant les filières, en réduisant les risques des investissements et en intégrant des règles de performance, la CAFI garantit que les acteurs privés peuvent développer des modèles positifs pour les forêts tout en s’alignant sur les lettres d’intention nationales.
Renforcer la surveillance des forêts pour améliorer la gouvernance et les rapports de la CCNUCC
CAFI a contribué à la mise en place de systèmes nationaux crédibles, transparents et utilisés pour la prise de décision.
En République du Congo, le système national de surveillance des forêts a permis de soumettre le niveau d’émission national de référence du pays et est opérationnel, avec une interface basée sur le web offrant un accès ouvert aux données de déforestation. Un inventaire de plus de 580 permis et concessions dans tous les secteurs améliore désormais la transparence et l’application de la législation.
En RDC, le système national de surveillance des forêts soutenu par CAFI a étayé la définition des ambitions et la présentation de rapports à la CCNUCC. Le Conseil consultatif national des forêts, créé en 2023, pilote les mises à jour des données et des rapports, tandis que le portefeuille de CAFI utilise des vérifications indépendantes par satellite basées sur des échantillons, introduites en 2024. Ces vérifications valident les résultats au niveau des projets, des parcelles agroforestières à l’adoption de la cuisson propre, et seront bientôt automatisées par le biais d’une plateforme de télédétection basée sur l’IA/cloud.
Au Gabon, le soutien de CAFI a catalysé la soumission du résumé des informations sur les sauvegardes, le niveau de référence et les rapports sur les résultats à la CCNUCC, accompagnant les capacités de suivi qui soutiennent l’accord RBP du pays, y compris l’analyse par satellite et les inventaires de la biodiversité et de la forêt.
Au niveau régional, une étude de la FAO financée par CAFI a fourni des estimations annuelles, harmonisées et acceptées au niveau national de la déforestation et de la dégradation et des facteurs qui les sous-tendent, créant ainsi une base de données commune pour la politique et le financement.
Enseignements tirés
La surveillance des forêts fonctionne lorsqu’elle est détenue par le pays, accessible au public et liée aux conséquences. CAFI a appris que les portails ouverts et les soumissions régulières à la CCNUCC renforcent la confiance, tandis que la vérification indépendante par satellite renforce la crédibilité pour le financement de la performance. L’établissement d’un lien entre le MRV et la politique permet de s’assurer que le suivi informe les vraies décisions. L’investissement dans le MRV doit se poursuivre pour permettre la comparabilité et la transparence.
Ouverture du Fonds à l'accès national pour les ONG
Au départ, les fonds de CAFI passaient uniquement par les Nations unies et les agences de coopération internationale. Progressivement, la CAFI a exigé la divulgation de tous les contrats de sous-traitance supérieurs à 100 000 dollars, ce qui a permis de suivre la part du financement qui parvient aux ONG, aux administrations et aux entreprises nationales. Cependant, si la limitation de la diversité des organismes de mise en œuvre a favorisé la confiance nécessaire au Fonds dès son lancement, elle a également soulevé des questions concernant l’appropriation nationale et les options limitées face à la lenteur de la mise en œuvre. En réponse aux leçons et aux demandes des partenaires, CAFI a ouvert l’accès aux ONG internationales en 2021 et, en 2025, aux ONG nationales.
Pour rendre cette évolution possible, CAFI a mis en place un dispositif régional d’assistance technique, mis en œuvre par l’UNOPS, afin d’aider les institutions nationales et les organisations de la société civile à respecter les normes internationales en matière d’intégrité fiduciaire, de sauvegarde et de suivi. Cette facilité fournit un soutien sur mesure - de l’accompagnement en gestion financière à la formation en matière de sauvegarde environnementale et sociale - afin que les acteurs nationaux compétents puissent bénéficier d’un financement direct.
24 organismes de mise en œuvre ont désormais accès à CAFI, les ONG et les fonds d’investissement représentant la part la plus rapidement croissante des subventions approuvées. Cette diversification renforce les options de mise en œuvre, réduit la dépendance à l’égard d’un petit groupe d’intermédiaires et inscrit plus fermement le travail du CAFI dans les contextes nationaux.
Ces changements ne sont pas seulement d’ordre procédural : ils représentent un changement dans l’approche de CAFI, vers une plateforme où les acteurs locaux peuvent diriger la mise en œuvre tout en respectant les normes internationales en matière d’intégrité fiduciaire, de sauvegarde et de suivi. Au cours de la prochaine décennie, l’accès local direct sera la référence en matière d’appropriation et de durabilité.
Enseignements tirés
L’élargissement de l’accès exige à la fois de la rigueur et du soutien. Les critères d’accès doivent rester stricts, mais les voies permettant de les respecter doivent être financées - par le biais de subventions de préparation, d’un soutien aux agents de gestion et d’un renforcement des capacités. La transparence est vitale : la publication de contrats de sous-traitance importants et de données sur les résultats renforce la confiance dans la mise en œuvre au niveau local. CAFI a appris que la diversification des agents d’exécution augmente la résilience et l’innovation, mais seulement si la qualité des rapports et les garanties suivent. La leçon à retenir : ouvrir la porte progressivement, renforcer les capacités et insister sur la responsabilité. La véritable durabilité est atteinte lorsque les ONG et les institutions locales ne se contentent pas de mettre en œuvre les financements à long terme pour la protection des forêts, mais qu’elles les gèrent.
Perspectives d’avenir
Alors que CAFI entre dans sa deuxième décennie, la coalition s’appuie sur cette base solide pour accroître son ambition et son impact. Les enjeux n’ont jamais été aussi importants : Les forêts d’Afrique centrale sont non seulement vitales pour le développement et la résilience de la région, mais aussi pour la stabilité du climat mondial.
Avec ses partenaires, CAFI continuera à défendre des solutions innovantes, inclusives et axées sur les résultats, afin que les forêts, les populations et la planète d’Afrique centrale puissent prospérer pour les générations à venir.
