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Célébrer les 10 ans et 10 avancées majeures de CAFI - Central African Forest Initiative (CAFI)
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September 24, 2025

Célébrer les 10 ans et 10 avancées majeures de CAFI

CAFI a été fondée en 2015 lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Dix ans plus tard, alors que la communauté internationale se réunit de nouveau à New York pour la 80ᵉ Assemblée générale, CAFI célèbre fièrement une décennie de progrès.

Ces jalons ont été atteints dans un contexte particulièrement difficile marqué par une pandémie mondiale, des conflits persistants, les effets aggravés du changement climatique et des pressions grandissantes sur les ressources naturelles. Malgré ces obstacles, CAFI est restée fidèle à sa mission de protéger les forêts d’Afrique centrale et d’améliorer les conditions de vie des populations qui en dépendent.

Au cours de ces dix années, CAFI a contribué à impulser une vague de mobilisation collective et de réformes inédites, en apportant des résultats concrets sur le terrain.

Avant propos de la Ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Nouvelle économie du climat de la RDC

L’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale est à la fois l’instrument financier majeur et la plateforme de dialogue politique essentielle pour préserver les forêts du Bassin du Congo. Il y a dix ans, la RDC fut le premier pays à s’y engager, aux côtés de ses partenaires financiers, affirmant une conviction forte : les forêts d’Afrique centrale ne sont pas seulement un atout régional, mais aussi un levier essentiel dans la lutte contre le changement climatique et dans l’adaptation à ses effets.

Au cours de cette décennie, CAFI est devenue un catalyseur de réformes sans précédent, plaçant les forêts au cœur des politiques publiques. Ce jalon ouvre la voie à une ambition accrue : mobiliser des financements durables, prévisibles et équitables pour assurer collectivement la mise en œuvre de nos engagements.

La RDC, ainsi que les pays d’Afrique centrale avec lesquels elle partage ce bien inestimable, est heureuse de poursuivre ce partenariat dans une nouvelle phase, marquée par le déploiement des Paiements pour Services Environnementaux, qui généreront des impacts visibles et durables pour les populations et les écosystèmes forestiers d’Afrique centrale.

Je suis honorée de participer à la présentation des résultats obtenus sur cette décennie, et j’appelle tous les partenaires à rejoindre l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale.

Avant-propos de l’Administrateur par intérim du PNUD et Sous-secrétaire général des Nations Unies

Le Programme des Nations Unies pour le développement est fier d’avoir joué un rôle fondamental dans la création de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale. En tant que membre du Conseil d’Exécution du Fonds et, aux côtés de nos organisations sœurs (FAO, FIDA, CNUCED, PNUE, UNESCO et UNOPS), nous restons un partenaire engagé pour soutenir ses six pays membres dans la mise en œuvre de réformes transformantes et durables.

Les accomplissements de CAFI témoignent du leadership et de l’engagement des pays et des communautés dont les efforts continuent d’impulser des progrès sur le terrain. Depuis son lancement en 2015, CAFI a mobilisé plus d’un milliard de dollars, finançant 74 projets et transférant 631 millions de dollars vers des initiatives nationales et régionales.

Ces investissements soutiennent la protection des forêts d’Afrique centrale, qui constituent le plus grand puits de carbone tropical au monde, absorbant 1,2 milliard de tonnes de CO₂ chaque année l’équivalent de 4 % des émissions mondiales. Pourtant, entre 2016 et 2023, la région a perdu 9,6 millions d’hectares de forêt et vu 6,9 millions d’hectares se dégrader, soulignant l’urgence de notre action collective.

Les résultats mis en avant dans ce rapport montrent que, malgré la complexité des défis, des progrès significatifs sont possibles. Les approches innovantes, pilotées par les pays, accélèrent notre engagement commun pour protéger ces forêts pour les générations futures en sauvegardant la biodiversité, en autonomisant les communautés et en renforçant la résilience face au climat.

En regardant vers l’avenir, les Nations Unies restent fermement engagées à soutenir CAFI et ses partenaires, en travaillant ensemble pour que les forêts d’Afrique centrale continuent de constituer un bien public mondial et une base pour une croissance inclusive et durable.

13 millions de personnes aux conditions de vie améliorées et 150 millions de tonnes de CO₂ évitées

Depuis 2015, CAFI a démontré que protéger les forêts peut aller de pair avec l’amélioration des conditions de vie. À la fin de 2024, ses programmes avaient touché environ 13 millions de personnes en Afrique centrale : ménages urbains, petits exploitants agricoles, femmes et filles.

De façon remarquable, ces améliorations ont été réalisées tout en finançant une réduction de 164 millions de tonnes de CO₂, l’équivalent de la consommation énergétique de 20 millions de foyers en Europe de l’Ouest ; preuve que le développement humain et la réduction des émissions de CO₂ peuvent être découplés.

En République démocratique du Congo, plus de 163 000 familles dans les grandes villes cuisinent désormais avec des foyers améliorés ou du gaz de pétrole liquéfié (GPL), ce qui leur fait économiser de l’argent chaque mois et leur permet de respirer un air plus sain à la maison. En milieu rural, des familles qui exploitaient auparavant sans sécurité foncière détiennent désormais des titres relatifs aux forêts communautaires. Pour la première fois, plus d’un million de personnes ont le droit de décider de l’usage de leurs terres et d’en bénéficier de manière durable que ce soit via la vente de produits non ligneux, la gestion responsable du bois ou le développement de l’écotourisme.

Les agriculteurs sont au cœur du changement. Les programmes soutenus par CAFI ont introduit l’agriculture zéro-déforestation sur des dizaines de milliers d’hectares, aidant les familles à produire davantage de cultures nutritives et de cultures de rente sans défricher de nouvelles forêts. Au Cameroun, un nouveau programme accompagne 350 000 producteurs de cacao et de café vers des marchés valorisant une production sans déforestation, ouvrant des perspectives futures pour les communautés rurales.

Les femmes et les filles sont également des bénéficiaires clés. Plus de 3 millions de personnes ont eu accès à des services de santé reproductive et à la planification familiale, près d’un demi-million de femmes optant pour des méthodes contraceptives à longue durée. Ces services donnent aux familles un meilleur contrôle sur leur avenir.

Ensemble, ces exemples illustrent comment l’approche holistique de CAFI a amélioré des millions de vies tout en produisant des bénéfices climatiques mesurables.

Leçons apprises

L’expérience de CAFI prouve que lorsque les populations prospèrent, les forêts prospèrent aussi. En aidant les familles à économiser de l’argent sur le combustible de cuisson, en soutenant les agriculteurs pour cultiver davantage sans déboiser, en sécurisant les droits des communautés, et en permettant aux femmes de planifier leur avenir, CAFI a créé des conditions où protéger les forêts est aussi une voie vers la prospérité. La leçon est que l’action climatique ne peut réussir isolément des besoins des personnes.

L’approche holistique de CAFI alliant services, droits et opportunités montre que développement humain et conservation forestière se renforcent mutuellement.

1 milliard de dollars et 10 bailleurs mobilisés pour les forêts et les populations d’Afrique centrale

CAFI a été créée en 2015 pour combler le déficit de financement des forêts d’Afrique centrale, en tant qu’instrument dédié visant à mobiliser 500 millions de dollars.

Aujourd’hui, CAFI a doublé ce montant.

D’un contributeur unique et 9 millions USD en 2015, à 972 millions engagés par 10 donateurs, le parcours de CAFI dans la mobilisation des bailleurs et des engagements financiers a souligné l’importance de la transparence, de l’agilité stratégique, de l’alignement des donateurs et de la gestion adaptative.

Favoriser une culture de consensus et d’échange par les pairs au sein du Conseil d’Exécution, combinée à une prise de décision agile et un leadership fort pour naviguer dans des environnements volatils, a permis aux donateurs de CAFI de maintenir leur confiance au fil du temps.

En plus des rapports annuels exigés légalement, la fourniture de notes d’information mensuelles au Conseil d’Exécution et l’offre d’outils en ligne comme la plateforme du MPTF pour les informations financières et le Metrics Hub CAFI pour les résultats permettent aux contributeurs de rester informés et engagés.

Enfin, encourager le dialogue de haut niveau entre ambassadeurs et ministres dans la sous-région s’est avéré clé pour créer une vision commune et maintenir une confiance mutuelle.

Leçons apprises

Mettre en œuvre l’approche gouvernementale globale de CAFI, c’est-à-dire engager tous les secteurs dans un dialogue constructif sur l’usage optimal des ressources, exige des financements correspondants et des engagements financiers à long terme. Dans une boucle vertueuse, CAFI et ses pays partenaires ont pu enclore des engagements politiques dans des lettres d’intention grâce au niveau de ressources mobilisées.

Des accords ambitieux conclus avec 4 pays sur 200 millions d’hectares de forêts

Le modèle de CAFI repose sur des partenariats de long terme et à haute ambition avec les nations forestières. Au cours de la dernière décennie, quatre pays : République démocratique du Congo, Gabon, République du Congo et Cameroun ont conclu des Lettres d’Intention formelles (LoI), couvrant un total de 200 millions d’hectares de forêts et d’une valeur supérieure à 900 millions de dollars.

La LoI 2021–2031 de la RDC ancre des réformes dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, de la tenure foncière et de la transparence, et est désormais directement liée au programme de facilité de crédit élargi du FMI faisant de la gouvernance forestière une question de stabilité macroéconomique. La LoI de 2019 avec la République du Congo a élevé la protection des forêts sous l’égide du bureau du Premier ministre.

La LoI du Gabon a soutenu le premier grand accord africain de paiements fondés sur les résultats, qui a perduré malgré une transition politique, démontrant une résilience face à des contextes changeants.

Au Cameroun, la LoI emblématique signée en octobre 2024 a fixé une vision pour une agriculture sans déforestation d’ici 2035, s’engageant à mobiliser 1,5 milliard de dollars et soutenue par 61 millions de dollars de l’appui initial de CAFI pour la période 2023–2027. Son premier portefeuille de projets vise à faire évoluer 350 000 producteurs de cacao et de café vers une production sans déforestation, en mettant en œuvre les services environnementaux au niveau des paysages tout en assurant des structures solides de gouvernance foncière.

Ces Lettres d’Intention ne sont pas seulement des accords de financement : elles sont des pactes politiques qui lient des millions de dollars d’investissements potentiels à des réformes concrètes, des jalons et des résultats mesurables. Elles montrent que des nations forestières entières peuvent orienter leur stratégie de développement vers la durabilité lorsqu’elles sont soutenues par des financements à long terme, des engagements et un suivi rigoureux.

Leçons apprises

De la première Lettre d’Intention avec la RDC en 2016 à celle du Cameroun en 2024, les LoI ont évolué avec les leçons apprises et la diversité des pays partenaires. Ce qui est resté constant, c’est que des pactes à haute ambition réussissent lorsqu’ils sont portés par les pays eux-mêmes, basés sur des jalons et ancrés dans une politique et un leadership de haut niveau. Intégrer des jalons forestiers dans les programmes du FMI et de la Banque mondiale leur a donné une portée fiscale et macroéconomique.

Des revues conjointes annuelles ont maintenu les parties responsables et permis des corrections de trajectoire. Le plus remarquable, c’est que les LoI ont montré leur résilience aux cycles politiques assurant que les réformes et les investissements restent sur la bonne voie même en période de transition gouvernementale.

Un modèle pionnier de financement basé sur les résultats

Le partenariat du Gabon avec CAFI a permis la réalisation du premier grand accord africain de paiements fondés sur les résultats (RBP). Signé en 2019, l’accord, en tant qu’avenant à la lettre d’intention de 2017, s’engage à verser 150 millions USD pour les réductions de CO₂ démontrées, transformant la protection des forêts en récompense basée sur la performance.

Le Gabon a rapidement démontré des résultats : la première tranche de 17 millions USD a été payée en 2020, finançant cinq projets visant à canaliser les produits dans l’expansion et la gestion des aires protégées, les forêts communautaires, la gouvernance, le suivi, l’éducation environnementale pour les jeunes et des villes plus vertes.

Cet accord a marqué une première en son genre en Afrique, montrant que les réductions d’émissions au niveau national peuvent être crédiblement mesurées, vérifiées de manière indépendante et récompensées par des financements liés à la performance. Il a aussi créé une boucle financière : des résultats vérifiés se traduisent par des investissements dans les institutions et les programmes qui soutiennent la conservation. En le faisant, le mécanisme a permis non seulement de maintenir les forêts debout, mais aussi de contribuer à la résilience économique et sociale.

Cet accord a fait preuve de résilience. Malgré la transition politique du Gabon en 2023, l’arrangement RBP est resté en place, reflétant la solidité du modèle et l’engagement partagé de toutes les parties.

Aujourd’hui, le RBP gabonais sert de point de référence dans la région. Il a influencé l’orientation plus générale de CAFI vers des approches fondées sur les performances, soutenues par des vérifications tierces. Il a démontré que le financement orienté vers les résultats n’est pas théorique en Afrique ; il peut fonctionner efficacement pour soutenir à la fois les systèmes nationaux et les solutions locales.

Leçons apprises

Pour que les paiements fondés sur les résultats réussissent, trois conditions sont essentielles : des systèmes nationaux crédibles de suivi et de rapportage, des voies claires de décaissement, et une résilience institutionnelle. L’expérience du Gabon a montré la valeur de commencer par des tranches plus petites pour tester le système, puis de réinvestir les revenus dans les institutions et les programmes qui génèrent des réductions durables.

Ainsi, les RBP doivent être vus non comme une fin en soi, mais comme une base capable de catalyser des réformes, nourrir les approches de paiements pour services environnementaux et attirer un financement privé, renforçant un écosystème de performance qui récompense la protection des forêts à plusieurs niveaux.

Six réformes transformatrices

Un potentiel pour façonner, pour des décennies à venir, l’usage des terres et des ressources naturelles tout en protégeant les forêts.

Dès le départ, CAFI a reconnu que la protection durable des forêts nécessite un changement systémique.

En République démocratique du Congo, six réformes clés ont progressé d’une manière qui façonnera la gestion des terres et des ressources pour des décennies. Une loi d’aménagement du territoire, issue d’un projet initié dès 2016 avec l’appui de CAFI, a été promulguée par le Président de la RDC en juillet 2025 et offre le cadre juridique pour allouer les terres aux usages agricoles, forestiers, miniers, de conservation ou d’urbanisation de façon transparente et coordonnée. L’élaboration des textes réglementaires a été appuyée pour permettre la mise en œuvre rapide de la loi.

La Politique nationale agricole, adoptée en février 2023, oriente l’expansion des cultures vers les savanes et les terres dégradées, tout en intégrant des garde-fous pour les forêts intactes et les tourbières. La Politique foncière, avalisée en avril 2022, a posé les bases d’une nouvelle loi et d’un système d’information numérique, tout en pilotant des commissions provinciales traitant des droits coutumiers et statutaires, protégeant les peuples autochtones et promouvant l’équité de genre.

Dans le secteur de l’énergie, la Politique nationale d’énergie durable a été validée en décembre 2022, et complétée peu après par une évaluation environnementale et sociale stratégique, une étape préliminaire vers son adoption. Cette politique ouvre la voie à une transition à grande échelle vers le gaz de pétrole liquéfié et d’autres combustibles de cuisson plus propres. Dans le domaine forestier, un Conseil consultatif national sur les forêts a été créé en 2023, fournissant un espace institutionnel pour la participation, la reddition de comptes et l’orientation des réformes forestières.

Le soutien à la réforme ne s’est pas limité à la RDC. Au Gabon, CAFI a appuyé des réformes en matière de tenure agricole, avec un premier projet d’optimisation de l’usage des terres et une gouvernance sensible aux conflits. En République du Congo, d’importantes réformes et investissements en aménagement du territoire sont en cours.

Leçons apprises

Le soutien de CAFI aux processus de réforme a montré que le progrès se produit lorsque la préparation technique est assortie d’une volonté politique. Faciliter le dialogue entre ministères, construire des bases analytiques et financer les capacités institutionnelles initiales sont essentiels pour faire passer les politiques du stade de projet à celui d’adoption. La leçon est que le changement systémique exige à la fois des cadres d’en haut et des pilotes d’en bas.

En soutenant cette double approche, CAFI et ses partenaires ont aidé à transformer des engagements nationaux en structures durables protégeant les forêts et permettant l’usage durable des terres et des ressources naturelles.

Des résultats durables qui transforment les communautés rurales

Dans toute l’Afrique centrale, CAFI a permis aux communautés rurales d’améliorer leurs conditions de vie tout en protégeant les forêts dont elles dépendent. Les impacts les plus visibles se manifestent là où les gens vivent et cultivent. En 10 ans, des plans locaux d’aménagement du territoire élaborés par les communautés en RDC, couvrant près de 10 millions d’hectares, ont été validés, donnant à des milliers de villages un rôle dans la façon dont les terres sont cultivées, restaurées ou conservées.

Grâce à des comités de développement locaux, désormais établis dans 6 % des villages de la RDC et dans lesquels les femmes détiennent souvent plus d’un tiers des sièges, la protection forestière et la gestion durable des ressources naturelles sont ancrées dans une prise de décision inclusive et communautaire.

Les agriculteurs constatent des bénéfices tangibles. Plus de 72 000 hectares d’agriculture durable ont été mis en place, démontrant pratiquement comment de meilleurs rendements, une diversification des cultures et des revenus accrus peuvent être atteints sans défricher de nouvelles terres. Le financement de CAFI a permis l’extension des concessions forestières communautaires de 600 000 hectares supplémentaires, représentant 15 % des concessions forestières locales attribuées en RDC, et offrant des droits sécurisés et de nouvelles opportunités à plus d’un million de personnes.

Ces titres transforment les communautés d’usagers de la forêt en gestionnaires ayant une autorité légale et des flux de revenus potentiels.

Les transitions énergétiques ont aussi changé le quotidien. Plus de 160 000 foyers dans les grandes villes utilisent désormais des foyers améliorés ou du gaz de pétrole liquéfié, réduisant leurs coûts de combustible jusqu’à 15 % et diminuant l’utilisation de charbon de bois jusqu’à 8 %. Du côté de l’offre, plus de 60 000 hectares de plantations et de régénération naturelle produisent du bois-énergie durable, créant des emplois tout en réduisant la pression sur les forêts naturelles.

Au Gabon, l’installation rapide de clôtures électriques en quelques mois seulement protège déjà 4 200 agriculteurs des incursions d’éléphants, protégeant les cultures et les moyens de subsistance.

Ensemble, ces réalisations démontrent l’impact de CAFI pour des récoltes plus abondantes, des droits renforcés, des coûts domestiques réduits et des avenirs plus sûrs et durables pour des millions de populations rurales et urbaines.

Leçons apprises

L’expérience de CAFI montre que les communautés rurales protègent les forêts lorsque leurs besoins fondamentaux et aspirations sont pris en compte. Des droits sécurisés, des rendements plus élevés, une énergie propre et une protection contre les risques comme la perte des récoltes rendent les choix durables réalisables et rentables. Des améliorations visibles et rapides comme des économies d’énergie ou des champs plus sûrs instaurent la confiance, tandis que des transformations plus profondes dans l’agriculture et la gouvernance foncière garantissent un changement à long terme.

La leçon est que seule la combinaison de ces éléments permet aux ménages de percevoir le développement compatible avec les forêts comme la voie la plus rationnelle et rentable. L’approche intégrée de CAFI a montré que meilleures conditions de vie et conservation forestière vont de pair.

Cadre, outils et élan pour les Paiements pour Services Environnementaux

CAFI a pris des mesures décisives pour faire passer les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) du concept à la pratique en Afrique centrale.

En 2024, un cadre régional PSE a été finalisé, définissant six activités éligibles dont l’agroforesterie, la foresterie communautaire, la régénération naturelle, la conservation ainsi que des modèles de contrats, de suivi et de vérification.

Pour soutenir la mise en œuvre, CAFI a lancé deux plateformes numériques : Ground Impact, qui permet la planification ex-ante et la modélisation, et le PSE Management Tool, un bien public numérique qui assure une gestion efficace, de l’enregistrement et la contractualisation des bénéficiaires ou prestataires de services environnementaux, jusqu’aux paiements mobiles fondés sur des résultats validés.

Le cadre et les outils actuels de PSE, ou PSE 2.0, sont le fruit d’une décennie d’expérimentation dans la région. Des activités pilotes, intégrées dans des projets de développement rural depuis 2016 dans neuf provinces de la RDC, ont testé différentes approches de compensation pour les pratiques favorables aux forêts.

Ces premières expériences ont montré un fort intérêt local, mais aussi mis en évidence des défis : des transferts monétaires sans contrats formels, des procédures complexes et longues, un géoréférencement et une vérification limitée, ainsi que des coûts élevés dus à de multiples intermédiaires. Loin d’être des échecs, ces leçons ont orienté la conception d’une seconde génération de PSE plus robuste et scalable.

Aujourd’hui, des projets pilotes, en accord avec cette approche 2.0 et ses outils, sont en cours, certains attendent de générer des paiements lors de la COP de l’ONU à Belém. En RDC, dans les districts des Plateaux et du Kongo Central, les communautés devraient recevoir des paiements annuels pour résultats validés en agroforesterie (combinant production de bois-énergie durable et agriculture de subsistance) et en cultures pérennes (plantations de palmiers dans les savanes), pour une valeur de 600 000 dollars, couvrant 95 000 hectares et bénéficiant à environ 20 000 personnes.

En République du Congo, des plantations agroforestières sont en cours sur des terres formellement allouées par le gouvernement.

En 2025, CAFI et les gouvernements ont lancé des programmations PSE autour des chaînes d’approvisionnement de Kinshasa (RDC) et de la zone de Bangui (République centrafricaine). En testant une combinaison de PSE “production” et “conservation”, contextualisant les outils dans différents pays et paysages, ces programmes généreront des données probantes pour orienter l’extension des portefeuilles d’aménagement des terres.

L’élan politique se construit aussi. Une conférence interministérielle PSE en janvier 2025, organisée en RDC avec le soutien de CAFI, a réuni des gouvernements pour convenir de feuilles de route pour l’extension des PSE. En parallèle, un partenariat Sud–Sud avec le Costa Rica, pionnier mondial du PSE, offre un partage d’expérience précieux pour adapter ces approches au contexte de l’Afrique centrale.

Bien qu’encore à un stade précoce, les PSE représentent un changement profond : on passe d’un financement d’activités à un financement de résultats vérifiés, liant les communautés et les ménages à l’architecture de la finance climatique.

Leçons apprises

Les pilotes de PSE initiaux ont confirmé que les communautés sont désireuses d’être récompensées pour des pratiques durables, tout en soulignant les obstacles pratiques qui peuvent saper la confiance. CAFI a utilisé ces leçons pour standardiser les activités éligibles, développer des plateformes numériques et simplifier les contrats, rendant les paiements plus clairs, plus rapides et plus transparents. Les PSE ont toujours été viables, mais nécessitaient des ajustements pour devenir efficaces et évolutifs.

En apprenant de manière itérative, à partir des pilotes PIREDD de la dernière décennie jusqu’aux projets PSE actuels, CAFI et ses partenaires sont idéalement positionnés pour soutenir les ménages et les communautés qui protègent les forêts de façon équitable, rentable et digne de confiance.

De nouveaux partenariats ouverts avec le secteur privé

Les seuls financements publics ne peuvent inverser les pressions économiques qui poussent à la déforestation. Le secteur privé joue un rôle décisif dans l’agriculture, la foresterie et l’énergie, et s’y engager est donc essentiel pour transformer les chaînes de valeur et intensifier les pratiques durables. En 2024, CAFI a fait progresser cette vision en développant des partenariats concrets et des outils qui orientent le capital privé vers des investissements favorables aux forêts, dans le respect de strictes garanties environnementales et sociales.

Une étape clé a été le lancement du Mécanisme d’investissement du secteur privé de CAFI, une enveloppe de 100 millions USD visant à réduire les risques des investissements et à mobiliser des cofinancements significatifs pour une croissance sans déforestation. Dans le cadre de sa mise en place, CAFI a financé une série d’études de faisabilité avec des entreprises comme INTERHOLCO, ARISE, Mushiete & Co, GoCongo et Criterion Africa Partners.

Ces études produisent des business plans, des analyses de risques et des structures financières nécessaires pour transformer des idées prometteuses en projets bancables, jetant les bases d’un pipeline robuste d’investissements durables.

De manière remarquable, CAFI a signé un partenariat de 51 millions USD avec le fonds &Green. Ce fonds investit dans des produits à haut risque de déforestation comme l’élevage, huile de palme, caoutchouc, cacao, soja et foresterie selon des normes rigoureuses “Pas de déforestation, Pas de tourbe, Pas d’exploitation” et des critères d’éligibilité juridictionnelle. Ce partenariat seul pourrait mobiliser 96 millions USD de capital privé, créant un impact total d’investissement proche de 147 millions USD.

Pour préparer la prochaine vague de projets investissables, CAFI a approuvé deux subventions préparatoires en 2024 : une pour IDH dans le cadre de “ReVive Central Africa” sur les chaînes d’approvisionnement cacao et café sans déforestation, et une autre pour le Fonds commun pour les produits de base (CFC), visant à fournir des solutions de financement pour les petites et moyennes entreprises en agriculture et foresterie.

Ensemble, ces actions illustrent l’approche innovante de CAFI : définir des garanties claires, tester des marchés et créer la confiance pour que le capital privé devienne un partenaire, plutôt qu’une menace, pour les forêts et les communautés d’Afrique centrale.

Leçons apprises

L’investissement privé demande plus que du capital ; il exige de la confiance. CAFI a appris que la crédibilité repose sur des règles d’éligibilité juridictionnelles, un suivi transparent, et des garanties applicables. L’assistance technique et les subventions de préparation sont indispensables pour passer des idées prometteuses à des transactions bancables. Des partenariats comme &Green montrent que le financement public peut mobiliser un capital privé important quand les risques sont réduits et les normes claires. Le rôle de CAFI est catalytique, non permanent.

En structurant les pistes de projets, en diminuant les risques, et en intégrant des règles de performance, CAFI veille à ce que les acteurs privés puissent développer des modèles favorables aux forêts tout en respectant les Lettres d’Intention nationales.

Un suivi des forêts renforcé pour une meilleure gouvernance et un meilleur rapportage à la CCNUCC

CAFI a contribué à établir des systèmes nationaux crédibles, transparents et utilisés dans la prise de décision.

En République du Congo, le système national de suivi forestier a permis la soumission du niveau de référence d’émission nationale à la CCNUCC, avec une interface web donnant un accès ouvert aux données de déforestation. Un inventaire de plus de 580 permis et concessions dans divers secteurs améliore désormais la transparence et l’application des lois.

En RDC, le système national de surveillance forestière soutenu par CAFI a permis de définir les ambitions et le rapportage à la CCNUCC. Le Conseil consultatif national sur les forêts, créé en 2023, oriente la mise à jour des données et du rapportage, tandis que le portefeuille de CAFI utilise une vérification indépendante par échantillonnage par satellite introduite en 2024. Ces vérifications valident les résultats au niveau projet, des parcelles agroforestières à l’adoption de foyers propres, et seront bientôt automatisées via une plateforme de télédétection en ligne utilisant l’IA.

Au Gabon, l’appui de CAFI a permis la soumission du résumé d’information relatif aux sauvegardes, au niveau de référence et aux rapports de résultats à la CCNUCC, accompagné de capacités de suivi qui soutiennent l’accord RBP du pays incluant l’analyse satellite et les inventaires forestiers et de biodiversité.

À l’échelle régionale, une étude financée par CAFI et réalisée par la FAO a fourni des estimations annuelles harmonisées, acceptées nationalement, de la déforestation, de la dégradation et de leurs moteurs, créant une base commune de preuves pour orienter les politiques et les financements.

Leçons apprises

La surveillance forestière fonctionne lorsqu’elle est maîtrisée à l’échelle nationale, accessible publiquement et associée à des conséquences. CAFI a appris que les portails ouverts et les rapports réguliers à la CCNUCC renforcent la confiance, tandis que la vérification indépendante par satellite renforcent la crédibilité pour le financement fondé sur les résultats. Lier le MRV (mesure, rapport, vérification) à la politique garantit que le suivi informe les décisions. Investir dans le MRV doit se poursuivre pour permettre la comparabilité et la transparence.

Un accès direct au Fonds ouvert aux ONG nationales

À ses débuts, les fonds de CAFI étaient uniquement distribués via des agences des Nations Unies et de la coopération internationale. Progressivement, CAFI a exigé la divulgation de tous les sous-contrats de plus de 100 000 USD, permettant ainsi de suivre la part des financements qui parviennent aux ONG nationales, administrations et entreprises. Cependant, limiter la diversité des organisations de mise en œuvre avait freiné la propriété nationale et réduit les options face à une lenteur d’exécution.

Répondant aux leçons tirées et aux demandes des partenaires, CAFI a ouvert l’accès aux ONG internationales et, en 2025, a ouvert l’accès direct au Fonds CAFI pour les ONG nationales.

Pour rendre cette transition viable, CAFI a établi une Facilité régionale d’assistance technique, mise en œuvre par l’UNOPS, pour aider les institutions nationales et les organisations de la société civile à satisfaire des normes internationales de rigueur fiduciaire, de garanties environnementales et sociales, et de suivi. Cette facilité offre un soutien sur mesure de l’encadrement en gestion financière à la formation sur les garanties environnementales et sociales pour que des acteurs nationaux compétents puissent prétendre à un financement direct.

Vingt-quatre organisations de mise en œuvre ont désormais accès à CAFI, les ONG et les fonds d’investissement représentant la part à la croissance la plus rapide des subventions approuvées. Cette diversification renforce les options de mise en œuvre, réduit la dépendance à un petit groupe d’intermédiaires et ancre davantage le travail de CAFI dans les contextes nationaux.

Ces changements ne sont pas seulement procéduraux, ils représentent une évolution de l’approche de CAFI, vers une plateforme où les acteurs locaux peuvent piloter la mise en œuvre tout en respectant les normes internationales de rigueur, de garanties et de suivi. Au cours de la prochaine décennie, l’accès direct local sera la référence de la propriété et de la durabilité.

Leçons apprises

Étendre l’accès requiert à la fois de la rigueur et du soutien. Les critères d’accès doivent rester stricts, mais les voies pour les atteindre doivent être financées par des subventions de préparation, un soutien à l’agent gestionnaire, et le renforcement des capacités. La transparence est essentielle : publier les gros sous-contrats et les données de résultats renforce la confiance dans la livraison locale. CAFI a appris que la diversification des acteurs de mise en œuvre accroît la résilience et l’innovation, mais seulement si la qualité des rapports et les garanties suivent le rythme.

L’ouverture doit se faire progressivement, avec un soutien, et en exigeant la reddition de comptes. La durabilité véritable vient lorsque les ONG et institutions nationales ne sont plus simplement des exécutantes mais des gardiennes du financement à long terme de la protection forestière.

Perspectives d’avenir

Alors que CAFI entre dans sa seconde décennie, la coalition s’appuie sur cette base solide pour amplifier l’ambition et l’impact. Les enjeux n’ont jamais été aussi élevés : les forêts d’Afrique centrale sont non seulement vitales pour le développement régional et la résilience, mais aussi pour la stabilité du climat mondial.

Avec ses partenaires, CAFI continuera de promouvoir des solutions innovantes, inclusives et axées sur les résultats afin que les forêts, les populations et la planète puissent prospérer pour les générations à venir.

Document Details

  • CAFI-10-Years-10-Breakthroughs-2025.pdf
  • Card-UNGA-10-5.pdf

Questions fréquemment posées

1. Le rapport sera t il traduit en francais ?

Oui, nous y travaillons, et le posterons sur cette même page le plus vite possible

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